Bilan

Retour sur l’année 2022 : alors que les conflits font rage, le dialogue reste « le seul espoir » de paix


Retour sur l’année 2022 : alors que les conflits font rage, le dialogue reste « le seul espoir » de paix
Retour sur l’année 2022 : alors que les conflits font rage, le dialogue reste « le seul espoir » de paix © 2023 D.R./Ikokou
Gabon Matin
Publié le 3 janvier 2023 à 01h16min

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a créé un bouleversement mondial, et toutes les régions du monde ont été ravagées par des guerres, des conflits et des troubles en 2022. L’ONU a rappelé l’importance du dialogue international et a annoncé un projet de nouvel Agenda pour la paix.

Février a vu une ronde furieuse de diplomatie à l’ONU, alors qu’il devenait de plus en plus clair que la Russie avait l’intention d’envahir l’Ukraine, une crise qui, selon le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a mis à l’épreuve « l’ensemble du système international ».

« Nous avons besoin de retenue et de raison. Nous avons besoin de désescalade maintenant », a déclaré le chef de l’ONU, exhortant toutes les parties à « s’abstenir d’actions et de déclarations qui feraient basculer cette situation dangereuse  ». Ces appels furent cependant vains et la guerre, que la Russie qualifia d’« opération militaire spéciale », commença.

Les ramifications mondiales de la guerre en Ukraine

Le conflit a pris une importance bien au-delà de ses effets sur l’Ukraine et la Russie. Les prix mondiaux du carburant et des denrées alimentaires ont grimpé en flèche, et l’organe des Nations Unies sur le commerce, la CNUCED, a identifié la guerre comme le principal facteur contribuant aux projections d’un ralentissement économique mondial, dans un monde encore sous le choc des conséquences de la pandémie de COVID-19.

Les sombres souvenirs de l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986 ont été ravivés, lorsque la centrale de Zaporijjia, dans le sud-est de l’Ukraine, la plus grande d’Europe, est passée sous contrôle militaire russe.

L’organisme de surveillance nucléaire de l’ONU (AIEA) a mis en garde contre des conséquences potentiellement catastrophiques, s’inquiétant des conditions alarmantes de la centrale et des bombardements qui ont eu lieu non loin des réacteurs. Se battre à proximité d’une centrale nucléaire était, a déclaré le chef de l’AIEA Rafael Grossi en novembre, « jouer avec le feu ».

L’accord sur les céréales de l’ONU, une « lueur d’espoir »

L’un des faits saillants de la diplomatie de l’ONU cette année a sans aucun doute été la mise en œuvre réussie de l’Initiative céréalière de la mer Noire, qui a vu les exportations reprendre depuis les ports ukrainiens en juillet et a ouvert la voie à l’arrivée de produits alimentaires et d’engrais russes sur les marchés mondiaux, contribuant à ralentir la hausse vertigineuse des prix des céréales, des huiles de cuisson, du carburant et des engrais dans le monde.

L’accord délicatement équilibré impliquait la création d’un Centre de coordination conjoint dans la ville turque d’Istanbul, avec des représentants de l’Ukraine, de la Russie et de la Türkiye, pour surveiller le chargement des céréales dans les trois ports.

Des navires-pilotes ukrainiens guident les navires à travers la mer Noire, qui est minée, après quoi ils se dirigent vers le détroit du Bosphore le long d’un couloir convenu.

Peut-être plus impressionnant, étant donné le manque de confiance entre l’Ukraine et la Russie, et aucune perspective de cessez-le-feu en vue, est que l’accord a été renouvelé pour 120 jours supplémentaires en novembre. À ce moment-là, plus de 11 millions de tonnes de denrées alimentaires essentielles avaient été expédiées d’Ukraine et les prix des denrées alimentaires ont commencé à se stabiliser.

Afrique : espoir de paix au Soudan et en Ethiopie, conflit persistant en RDC et au Mali

Les Casques bleus de l’ONU dans plusieurs pays africains se sont retrouvés en danger cette année, alors qu’ils remplissaient leur rôle de protection des civils contre la violence.

Au cours de l’année, la réputation du Mali en tant que poste le plus dangereux au monde a semblé se confirmer : presque chaque mois, une attaque a tué ou blessé des soldats de la paix, des massacres de civils ont été signalés et la situation sécuritaire s’est détériorée.

La République démocratique du Congo (RDC) a été secouée par des attaques de groupes militants et des violences intercommunautaires qui ont déplacé des milliers de personnes. Des centaines de civils ont été tués tout au long de l’année et les Casques bleus ont de nouveau fait le sacrifice ultime. Lors d’une attaque, en juillet, une base de la Mission des Nations Unies dans la région agitée du Nord-Kivu a été touchée lors de violentes manifestations, tuant trois soldats de la paix.

Il y a eu de meilleures nouvelles du Soudan, qui a commencé l’année en proie à des troubles politiques, à la suite d’un coup d’État militaire en 2021. Les manifestants contre le régime ont continué d’être visés, et l’ONU a condamné un usage excessif de la force, qui a causé la mort de plusieurs d’entre eux.

En décembre, cependant, M. Guterres a pu saluer un accord de paix entre les dirigeants civils et militaires, et l’équipe de l’ONU au Soudan a annoncé qu’elle assurerait un ensemble de soutiens pendant la période de transition.

En Éthiopie, qui a connu de violents combats centrés sur la région du Tigré, les efforts pour désamorcer le conflit ont conduit à un cessez-le-feu en mars. Cela n’a cependant pas mis fin à la violence ni à la crise humanitaire résultant des troubles, mais un accord de paix, qui a finalement été signé en novembre, a été décrit par M. Guterres comme un « premier pas critique » vers la fin de deux ans de guerre civile.

Moyen-Orient : pas de fin en vue pour de nombreux conflits de longue date

En mars, M. Guterres a appelé la communauté internationale à ne pas décevoir le peuple syrien, alors que le pays entrait dans la onzième année d’une guerre civile brutale, au cours de laquelle 307.000 civils sont morts.

L’année s’est terminée avec des signes d’escalade militaire et aucune perspective d’accord de paix, mais l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir Pedersen, a continué de rencontrer une multitude d’acteurs syriens et internationaux clés, à la recherche d’une éventuelle solution politique pour rompre l’impasse.

Le Yémen est maintenant dans la septième année d’un conflit catastrophique, qui a de nouveau fait payer un lourd tribut à sa population. Des espoirs ont été soulevés en avril, lorsque l’ONU a négocié une trêve nationale, la première en six ans. Cependant, la trêve a pris fin en octobre, entraînant une nouvelle incertitude.

Hans Grundberg, l’Envoyé spécial de l’ONU au Yémen, a déclaré au Conseil de sécurité en octobre qu’il pensait qu’un accord de paix pouvait encore être conclu : « Avec des enjeux aussi élevés, il est essentiel que nous ne manquions pas cette opportunité. Les parties doivent faire preuve de leadership, de compromis et de flexibilité nécessaires pour parvenir d’urgence à un accord ».

Peu de progrès ont été réalisés dans les relations entre Israël et la Palestine, au cours d’une année pendant laquelle plus de 150 Palestiniens et plus de 20 Israéliens ont été tués en Cisjordanie et en Israël.

L’Envoyé spécial de l’ONU pour le Moyen-Orient, Tor Wennesland , a exprimé sa profonde préoccupation face à la forte augmentation de la violence contre les civils des deux côtés qui, a-t-il dit, compromet une résolution pacifique du conflit.

M. Wennesland a appelé Israël à cesser l’avancement de toutes les activités de colonisation ainsi que la démolition de propriétés appartenant à des Palestiniens, et à empêcher d’éventuels déplacements et expulsions. « L’approfondissement de l’occupation, l’augmentation de la violence, y compris le terrorisme, et l’absence d’horizon politique ont donné du pouvoir aux extrémistes et érodent l’espoir des Palestiniens et des Israéliens qu’une résolution du conflit soit réalisable », a-t-il averti.

Amériques : Haïti « au bord du gouffre », la Colombie plus proche d’une paix durable

Ce n’est pas une exagération de dire que la situation sécuritaire en Haïti s’est effondrée en 2022. Pratiquement aucun endroit dans la capitale, Port-au-Prince, ne peut être considéré comme sûr, alors que des gangs rivaux se disputent le territoire, terrorisant des citoyens de plus en plus désespérés, qui luttaient déjà pour survivre une catastrophe humanitaire.

En octobre, la Représentante spéciale de l’ONU dans le pays, Helen La Lime, a salué le régime de sanctions adopté par le Conseil de sécurité, qui cible les chefs de gangs et leurs partisans. Elle a déclaré au Conseil de sécurité que même si une solution politique pouvait être trouvée, elle ne suffirait pas à régler la crise.

Mme La Lime a indiqué son soutien à la mobilisation d’une force militaire spécialisée, tandis que la Représentante permanente des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré au Conseil de sécurité en octobre que les États-Unis et le Mexique travaillaient sur une résolution qui autorisera une « mission internationale d’assistance à la sécurité non onusienne », qui contribuerait à l’acheminement de l’aide humanitaire d’urgence.

Il y a eu des signes positifs indiquant que la Colombie, qui a souffert de décennies de guerre civile, pourrait être sur le point de parvenir à une paix durable.

Six ans après l’accord de paix historique signé entre le gouvernement colombien et les rebelles des FARC, le pays est toujours en proie à des flambées de combats en 2022 et, en juillet, le bureau des droits de l’homme de l’ONU a appelé le nouveau gouvernement à lutter contre la montée de la violence, en particulier dans zones rurales.

En octobre, le chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie s’est senti suffisamment confiant pour informer le Conseil de sécurité que les attentes étaient élevées quant aux progrès vers la mise en œuvre complète et définitive d’un accord de paix durable : « Je suis certainement convaincu que la Colombie peut démontrer au monde, une fois de plus, qu’il n’y a pas de meilleure alternative pour mettre fin aux conflits que par le dialogue ».

Asie : tension nucléaire coréenne, des dizaines d’attaques en Afghanistan

Une grande partie de l’attention sur l’Afghanistan s’est concentrée sur l’érosion constante des droits des femmes sous les Talibans, les dirigeants de facto du pays, mais l’insécurité est de plus en plus élevée.

Le peuple afghan a été secoué par des vagues d’attentats terroristes meurtriers, allant d’explosions dans des écoles en avril à l’attentat à la bombe contre une mosquée en août, revendiqué par Daech. Le groupe a également mené des attaques contre les ambassades russe et pakistanaise, et un hôtel accueillant de nombreux ressortissants chinois.

La plus haute responsable de l’ONU en Afghanistan, Roza Otunbayeva, a annoncé en décembre que l’ONU maintenait un dialogue ouvert avec les dirigeants talibans, malgré leurs positions divergentes. Alors que les Talibans font face à peu ou pas d’opposition politique, ils sont incapables de s’attaquer de manière satisfaisante aux groupes terroristes opérant dans le pays, a-t-elle souligné.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC), plus communément appelée Corée du Nord, a continué à tester des missiles en 2022, provoquant la condamnation de l’ONU, qui craint que le pays ne tente de développer sa capacité d’armement nucléaire.

António Guterres a déclaré qu’un essai à longue portée en mars était en violation des résolutions du Conseil de sécurité et a qualifié un tir en octobre au-dessus du Japon d’« acte imprudent ».

Lors d’un exposé au Conseil de sécurité en novembre, Rosemary DiCarlo, cheffe des affaires politiques et de consolidation de la paix (DPPA) de l’ONU, a déclaré que la RPDC aurait lancé son « missile le plus gros et le plus puissant, capable d’atteindre toute l’Amérique du Nord ».

Au total, a précisé Mme DiCarlo, la RPDC a lancé quelque 60 missiles balistiques. Elle a réitéré les appels au pays à « s’abstenir de prendre de nouvelles mesures provocatrices et à se conformer pleinement à ses obligations internationales en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité  ».

Un nouvel agenda de l’ONU pour la paix

La question plus large de la paix devrait figurer davantage à l’ordre du jour de l’ONU en 2023, lorsque le chef de l’ONU, António Guterres, présentera un nouvel agenda pour la paix aux États membres.

S’adressant au Conseil de sécurité en décembre, M. Guterres a expliqué que le document articulera le travail de l’Organisation en matière de paix et de sécurité ; définira une approche globale de la prévention ; liera la paix, le développement durable, l’action climatique et la sécurité alimentaire ; et examinera comment l’ONU s’adapte aux cybermenaces, à la guerre de l’information et à d’autres formes de conflit.

« Le défi à relever est clair », a déclaré M. Guterres « Il s’agit de préserver les générations futures du fléau de la guerre, avec un multilatéralisme revitalisé qui soit efficace, représentatif et inclusif ».



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